mercredi 19 novembre 2025

Jean-Louis Trudel: confrère, ami, écrivain, scientifique et humaniste

Jean-Louis Trudel, en 2018
Quand j'ai appris la nouvelle du décès de Jean-Louis, mardi dernier, j'ai refusé d'y croire. Impossible. Pas Jean-Louis, voyons! J'échangeais encore avec lui sur les réseaux sociaux quelques jours plus tôt. On avait longuement discuté lors du dernier Congrès Boréal, en septembre dernier! Je suivais la relation qu'il faisait quasi quotidiennement sur son séjour en résidence littéraire à Vilnius.
Et il avait mon âge! En fait, il était même un an plus jeune que moi, et je ne lui connaissais aucun problème de santé majeur! 
Le choc, la tristesse, les pleurs, je tentais de m'accrocher à quelque chose, une erreur d'identification, son silence du à des problèmes internet en Lituanie, quelque chose allait venir expliquer que toute l'affaire relevait d'un malentendu...
Mais non. La confirmation de la nouvelle m'a jeté à terre. Jean-Louis, ce pilier du milieu, qui y était déjà bien présent lors de mon arrivée comme jeune auteur débutant, Jean-Louis était parti.
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J'ai rencontré Jean-Louis Trudel pour la première fois en 1994, lors d'une soirée Boréal. Lui et d'autres écrivains m'avaient alors accueillis chaleureusement, alors que j'étais un jeune auteur parfaitement inconnu. Lors de cette soirée, nous avions longuement échangé sur la SF, la hard-SF en particulier, puisque nous étions tous les deux des fans de ce sous-genre qui nous paraissait le plus intéressant. Contrairement à lui, je n'avais pas l'ambition d'écrire de la hard-SF, ne m'y connaissant pas assez en physique et en astronomie, mais en lire, ça oui, par exemple. Alors notre conversation a duré un certain temps, et sans m'en rendre compte, je venais de me faire un nouvel ami.
J'avais déjà lu Jean-Louis, bien sûr, puisqu'il avait commencé à publier bien avant moi, et son nom revenait souvent lors de ma découverte des revues et fanzines de SFFQ de l'époque; Temps Tôt, CSF, Solaris, il y apparaissait déjà régulièrement au sommaire. Au fil des ans, plus je le lisais et le côtoyais, plus j'avais de l'admiration pour lui.
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La première fois où j'ai partagé le sommaire avec lui, c'était en novembre 1991 (merci à l'ami et éditeur Christian Martin qui a retrouvé le numéro pour moi), dans Temps Tôt #15 (vol 3, no.3). Puis, en 1992, nous avons à nouveau partagé un sommaire, en professionnel cette fois, dans Solaris 102. Ma nouvelle avait été classée en second position du Prix Solaris, et grâce à la patience et au talent de directeur littéraire de Joël Champetier, j'étais parvenu à une version «publiable». Jean-Louis avait remporté le Prix Solaris cette année-là (pour sa nouvelle «Les instincteurs de cruauté») et nos deux textes avaient été publiés dans le numéro 102 de Solaris.
Si j'ai souvent partagé le sommaire avec Jean-Louis, c'est que la majorité de mes nouvelles littéraires professionnelles des 25 dernières années ont été publiées dans les pages de Solaris, et que Jean-Louis est l'auteur qui y a publié le plus de fictions de toute l'histoire de la revue. J'étais déjà convaincu de cette statistique mais je suis allé valider mon impression dans l'index de la revue, et j'ai non seulement eu confirmation de ce fait, mais en plus, j'ai calculé qu'il avait publié à peu près le double de la moyenne des auteurs les plus publiés de Solaris. Compte tenu du fait que vu son jeune âge, il n'a commencé à publier dans les pages de Solaris qu'au numéro 71 de la revue, c'est un accomplissement impressionnant.
Notre dernière apparition commune au sommaire d'une publication était dans Solaris 217, à l'hiver 2021. Trente ans après notre première.
Trente ans de confrèrerie.
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Au fil des ans et des rencontre, lors d'un round up chez Joël Champetier, à de nombreux Congrès Boréal (ou quelques soirées Boréal), aux festivals de littérature fantastique que j'ai organisé à Roberval en 1998 et 2000 ou lors de plusieurs salons du livre, Jean-Louis s'est avéré un ami précieux. Intelligent, cultivé, un esprit vif, un érudit comme on en fait plus; un héritier des Lumières, dont les connaissances et la mémoire m'éblouissait alors que lui, même conscient de son intelligence hors-norme, demeurait plutôt humble. Et surtout, j'allais découvrir Jean-Louis, l'humaniste, le généreux qui n'hésite pas à prendre de son temps pour lire ou relire un de vos textes afin de vous donner son avis et ses précieuses suggestions. Il y a quelques années, j'ai d'ailleurs publié une nouvelle (la seconde d'une série débutée dans Solaris), dans un collectif, et les premières versions souffraient de problèmes que je n'arrivais pas à cerner; Jean-Louis m'a généreusement éclairé de ses idées et suggestions, ce qui m'a permis de remettre l'histoire sur ses rails et éventuellement, la publier. En lisant mes remerciements à son endroit, il s'est quasiment excusé de s'y trouver: il n'avait fait que souligner quelques détails, dit-il dans une conversation plus tard. Cette générosité allait aussi se manifester par le temps qu'il allait bénévolement consacrer à plusieurs facettes de l'histoire des littératures de l'imaginaires au Canada (anglais et français). Son implication dans les Congrès Boréal, dans l'histoire de la SFFQ (il en a d'ailleurs tiré un brillant petit ouvrage de référence), dans les liens tissés avec les autres communautés à l'international - à ce sujet, je n'ai malheureusement pas les données avec moi, mais j'ai l'impression que c'est l'auteur de SFFQ qui a le plus publié de fictions à l'étranger, tous pays et toutes langues confondus. Il serait d'ailleurs le premier à réagir en commentaire de ce billet de blogue en apportant les données et statistiques à l'appui de (ou pour réfuter) cette affirmation.
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À partir de 2005, je suis devenu un lecteur assidu de son blogue, «Culture des futurs». Comme moi ici, il explorait divers aspects de sa vie dans ce "Journal de bord littéraire, politique et philosophique" en ligne. La cadence avait diminuée il y a quelques années - comme tous les blogues après l'arrivée des réseaux sociaux où se sont retrouvés les lecteurs et les échanges - mais il continuait d'y publier à l'occasion, et moi, de l'y lire.
Je ne compte plus les échanges que nous avons eu en privé ou en public sur les réseaux sociaux, où il n'hésitait pas à intervenir avec de longues publications (heureusement, il était capable d'écrire à une bonne vitesse!), éclairant de son savoir toujours bien documenté, tel ou tel enjeu. Dans une soupe internet souvent pleine d'à peu près et de commentaires flous ou mal informés, les publications et réponses de Jean-Louis étaient un baume, un phare, ancrées dans la science et supportée par des faits. Et comme Jean-Louis avait beaucoup voyagé et voyageait encore, et qu'il était un grand amateur de marche à pied, d'histoire et de généalogie, nous avions beaucoup d'autres intérêts communs à part la SF! Le lire redonnait toujours confiance en l'humanité; on aurait voulu cent Jean-Louis au lieu d'un.
(Les lecteurs de ce blogue auront d'ailleurs peut-être reconnu son nom, car je le citais assez souvent, soit d'une conversation, soit d'un extrait de Culture des futurs, ou lorsque je parlais de ses publications).

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On peut toujours se consoler en sachant qu'il nous laisse un important corpus de textes. Je trouve quand même cruel que son départ à un si jeune âge nous prive de la suite, car l'ayant lu depuis des années, il est indéniable que son humanisme était de plus en plus présent avec les années. Je n'ai nul doute que ses écrits futurs auraient été tout aussi intéressants, sinon plus, que ceux qu'il nous a déjà offert.
Le départ soudain de Jean-Louis n'est pas la simple disparition d'un auteur. Son implication, son intelligence encyclopédique, sa maitrise des sciences, son amitié loyale et sincère, tout ça représente une immense perte, pour les littératures de genre, pour les littératures tout court, et pour tous ceux et celles qui l'ont connu et apprécié.
Il nous laisse tous avec un très grand vide, un vide qu'il nous sera impossible de combler., tant il était unique en son genre.
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Jean-Louis, tu vas beaucoup me manquer. Nos échanges, nos conversations vont me manquer. Aucun Boréal à venir ne sera plus pareil sans toi mon ami.
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Note: Je n'ai pas accès à toutes mes archives photos, d'où l'illustration de ce billet par les couvertures de revues. Solaris 102, illustration de Sv Bell. Temps Tôt #15, illustration de Pierre D. Lacroix. Solaris 217, illustration de Émilie Léger.

lundi 29 septembre 2025

Quand l’extraterrestre est entré en coup de vent dans mon bureau (nouvelle)

 Quand l’extraterrestre est entré en coup de vent dans mon bureau. 

 Par Hugues Morin

 Quand iel est entré en coup de vent dans mon bureau, la porte s’est littéralement fermée sous l’effet du courant d’air. À moins que comme les rumeurs laissaient le supposer, l’extraterrestre l’eut fermé par télékinésie.
 Il était difficile de séparer le vrai du faux concernant les extraterrestres, puisque toutes nos connaissances venaient de données partagées par eux dans un langage incompréhensible aux humains. Les IAs s’étaient donc chargées de l’analyse, et le résultat laissait souvent à désirer.
 L’usage du iel devenait naturel, puisqu’il était impossible de déterminer à un être de quel sexe on avait affaire quand nous interagissions (rarement) avec les extraterrestres. En fait, je crois que nous ne savons même pas s’il s’agit d’être sexués ou non. Même ceux qui dénonçaient ces nouveaux prénoms étaient contents de disposer d’un pronom neutre dans ce cas, c’est dire.
 L’apparence du spécimen qui s’était engouffré en coup de vent dans mon bureau était assez typique; iel était d’apparence métallique. Nous n’avions aucune idée de leur aspect organique (si même les E.T. en avait un) puisque chaque individu ressemblait à une sorte de robot. L’idée convenue était qu’il s’agissait d’un exosquelette adapté à la fois à la pression et la gravité terrestre et une manière d’adapter leur look à nos standards.
 – Bonjour ami terrien.
 Iel s’exprimait avec une voix féminine, un choix qui pouvait être aléatoire ou adapté à l’interlocuteur, ça ne voulait rien dire.
 – Bonjour à vous.
 – J’ai besoin de vos services.
 J’ai tenté de cacher ma surprise; personne n’était jamais entré dans mon bureau pour réclamer les services d’un auteur. J’ai retenu un mouvement d’encouragement à poursuivre; parfois, la communication corporelle inter espèces était mal interprétée.
 – Je vous écoute… mais vous êtes?
 – Oui, pardon, moi me présenter Francine.
 Ici, il importe de spécifier que toute cette conversation se déroule en français grâce à un module de traduction automatique. Les E.T. avaient nourri nos IA d’une banque de données linguistique. On entendait donc deux discours en simultané, l’un en langue extraterrestre incompréhensible et l’autre issu du robot traducteur par-dessus.
 Pour quelques mots, le module était peu performant - les noms propres en particulier - et dans ce cas-ci, ce que iel avait dit « sonnait » plus comme Strimg’hol’xiss que Francine.
 – Enchanté Francine. Que puis-je faire pour vous?
 Étrangement, le module de traduction semblait fonctionner parfaitement dans l’autre sens. Les E.T. n’avaient jamais de difficulté à nous comprendre. Il faut croire que leur intelligence était moins artificielle que la nôtre.
 – C’est au sujet du fromage missionnaire.
 Hein?
 Une pause inconfortable a suivi sa déclaration. J’ai patienté. Iel allait sûrement ajouter quelque précision.
 Mais non. Rien.
 – Le « fromage missionnaire »? Qu’en est-il? dis-je prudemment.
 – Il m’a été volé.
 – Ah?
 Je voyais mal en quoi les services d’un écrivain allaient lui être utile pour un fromage volé, mais qui suis-je pour prétendre comprendre la psyché extraterrestre? La cohabitation terriens-extraterrestres se passait très bien, mais de là à dire qu’on se comprenait…
 Les E.T. étaient « apparus » dans d’immenses vaisseaux (littéralement sortis de nulle part) recouvrant une quinzaine de grandes villes du monde, on aurait dit un film et dans la réalité, beaucoup de terriens n’y croyaient pas, voyant plutôt dans le phénomène un vidéo généré par IA assez réaliste.
 Après deux jours comme ça, les habitants étaient de plus en plus gagnés par une angoisse généralisée. Quelques leaders étaient sortis de leurs bunkers sécurisés pour tenter d’établir un contact. Sans qu’aucune discussion n’eut lieu, une demi-douzaine de présidents, incluant le président américain, avaient été « aspirés » en une seconde dans les vaisseaux et on ne les avait jamais revus. Comme si un gigantesque aspirateur avait gobé le président, sa porte-parole, deux de ses gardes du corps, l’hélicoptère présidentiel, tout ce qui se trouvait alors sur le gazon de la maison blanche.
 Le même scénario s’était déroulé simultanément ou presque dans quelques pays, dont la Russie et la Chine.
 Après ça, plus rien, jusqu’à la diffusion sur les ondes radio, les réseaux télé et toutes les plates formes en ligne de messages de bienveillance et d’information.
 À part pour quelques poches de résistants d’extrême-droite ayant perdu leur bien-aimé leader, les E.T. avaient été accueillis en héros. La cohabitation allait de soi depuis.
 Le spécimen devant moi a projeté l’image d’un étrange trophée sous verre représentant un arbre bleu luminescent sur mon écran de bureau.
 – C’est le fromage en question?
 – Non, ce n’est pas fromage, c’est prix dommage buissonnière.
 J’ai soupçonné un autre bug dans le module de traduction, qui se manifestait souvent par une étrange propension à faire des rimes stupides. Je me demandais si la langue extraterrestre était toute en rime, ce qui expliquerait l’insistance de l’IA à halluciner des rimes comme ça. Mais allez savoir si le concept de rime existe dans la langue d’une espèce extraterrestre.
 – Oui. Le prix qui vous a été volé?
 – Exactement. Et j’aimerais que vous m’aidiez à le récupérer.
 Malgré tout l’intérêt de cette discussion, je devais comprendre pourquoi on s’adressait à moi.
 – Francine, qu’est-ce qui vous laisse croire que je puisse vous aider?
 – Vous êtes détective privé, je veux vous engager.
 Ah!
 J’avais publié quelques romans policiers au fil des ans, mettant en scène un alter-égo de mon nom, jouant la carte d’un mélange de polar et d’autofiction.
 J’avais lu que les E.T. étaient incapables de comprendre le concept de fiction, quelque chose de totalement étranger à leur culture. Suite à une recherche de base de données écrite, iel me prenait donc pour mon personnage.
 Que faire quand une créature extraterrestre du nom de Francine vient vous demander votre aide? Malgré la confusion sur mon expérience et mon statut, je voyais mal comment refuser une telle requête. Me retenant à temps de tendre la main - un geste qui pouvait encore être mal interprété - je pris la seule décision qui s’imposait. Et pour montrer toute la politesse et la diplomatie dont je pouvais être capable, je me suis exprimé avec une tentative de rime:
 – Francine, vous méritez cet hommage visionnaire; et je vais vous aider à l’obtenir, en tant que mage partenaire.

 Boréal, 21 septembre 2025, 9h48-10h48.

jeudi 27 février 2025

Il pleut toujours à Lisboa

En 2024, après notre séjour en Algarve, et question de nous rapprocher de l'aéroport pour notre vol de retour au pays, nous avions passé une journée et demie à Lisbonne. Nous avions eu de la pluie quasi tout le long du court séjour.

En janvier dernier, nous avons volé directement de Montréal à Lisbonne, avant d'attraper un bus vers Albufeira. Dès notre sortie de l'aéroport, il pleuvait à verse et cette pluie nous a suivi toute la journée.

Ce matin, nous quittions à nouveau l'Algarve pour Lisbonne puisque notre vol de retour est samedi matin.

À Albufeira ce matin, soleil éclatant, ciel bleu sans aucun nuage en vue. Le trajet de bus nous a fait passé - en 2h30 seulement - de ce climat idéal à des nuages ici et là, puis partout gris, puis un couvert bas, puis la pluie (moins de 30 minutes avant d'atteindre Lisbonne).

Il pleut à verse depuis notre arrivée, il y a quelques heures.

Ainsi, si je me fie à notre expérience des dernières années - sur trois courts séjours dans la capitale portugaise, il pleut toujours à Lisboa.

Lisboa cette année, souffrira donc à la fois du fait que la pluie intense empêche ce vagabond-ci d'aller explorer à sa guise et prendre des photos (je noierais rapidement ma pauvre caméra déjà usée) et souffrira à la fois, comme l'an dernier (et comme Rome en 2022), de la préparation des bagages et du départ en avion samedi matin, ce qui fait que je n'aurai que peu ou pas de temps pour transcrire mes impressions de voyage sur ce journal demain.

Pour le moment, donc, je me rabat sur quelques photos captées lors d'accalmies en 2024. Je n'ai pas encore pris une seule photo depuis notre arrivée, puisqu'on s'est réfugié à notre auberge, j'étais déjà trempé après les 6-7 minutes de marche de la station de métro la plus proche. N'ayant publié qu'une photo de Lisbonne en 2024, je voulais me reprendre cette année, mais la météo en a décidé autrement.

Donc, puisqu'il pleut toujours à Lisboa, ces images datant de fin mars 2024 (sans ordre précis):









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mardi 25 février 2025

Le drôle de quartier multicolore de la marina d'Albufeira

En mars 2024, il y a donc quasi un an aujourd'hui, j'avais évoqué le quartier coloré de la marina d'Albufeira avec 2-3 photos dans un billet consacré à l'art urbain local.

Comme la marina se situe entre le centro historico et tout le secteur de randonnée, plages et formations rocheuses entre Albufeira et Armaçao de Pera, j'y suis passé à plusieurs reprises encore cette année.

J'en ai profité pour prendre plus de photos des édifices qui mélangent architecture méditerranéenne, lignes simples de l'art déco et couleurs pastel.


Quand on est au centro, il faut savoir que la marina existe. Elle est cachée, complètement de l'autre côté d'un mont, et on y accède en faisant le tour, par un sentier le long de la mer, en hauteur. Le port doit être d'abord contourné (un canal relie le port à la marina, qui est totalement enclavée de l'autre côté). Après le sentier, on atteint le quartier de la marina, quelques champs de fleurs et on peut apercevoir certains des édifices pastels qui composent le quartier.


La marina elle-même est moins luxueuse et posh que celle de Villamoura, mais j'avoue que je la trouve plus jolie - les édifices y sont plus originaux - une série de blocs appartements avec commerces aux rez-de-chaussée, diverses configuration, l'ensemble demeure élégant malgré la surprise des couleurs pastel.


Gros plan sur des détails d'un des immeubles à appartements.


Autre exemple, avec balcons en demi-lune.


Fenêtres rondes, reflets, changements de couleurs par étages, on m'aurait dit que c'étaient de bonnes idées, j'aurais eu des doutes, mais le résultat est agréable à l'oeil et intriguant dès qu'on change d'angle.


Derrière les immeubles, une place centrale où on a érigé ce monument aux navigateurs, en mosaique de céramique. On peut aussi voir la vieille chapelle de Nossa Sehnora da Orada.


Du côté opposé au bassin de la marina, d'autres maisons et appartements ont été érigés, eux aussi colorés (clairement inspirés par le secteur principal), mais avec des couleurs plus traditionnelles. Ces immeubles sont sis sur la Rua do novo Mundo (rue du nouveau monde), en hommage aux explorateurs.


L'ensemble est assez privé, on accède en façade à ces portes enclavées dans des portiques de céramique.





Un mur de céramique d'environ 1,5m de haut ne permet donc pas de voir les rez-de-chaussée des maisons, du côté du bassin. On est donc condamnée qu'à ne voir que les étages. Du côté de la rue du nouveau monde, on voit mieux, mais plusieurs propriétés ont aussi un muret protecteur; ici, on peut voir des lignes et couleurs plus épurées que les édifices principaux du quartier.


Les design se répètent par séries de 3-4 maisons, avec des variations de couleur; le quartier dans son ensemble est très attrayant. Notez l'espèce de verrière en bas à droite, sur 2 étages, il s'agit de fenêtre en demi-cercle où se trouvent les escaliers de la maison.


De l'autre côté de la place qui se trouve derrière les édifices principaux, d'autres maisons forment un quartier où on ne peut pas accéder sans codes ou cartes; l'ensemble étant protégé par des grillages. ON peut quand même distinguer les étages supérieurs des habitations du secteur où les couleurs sont plus vives mais qui respectent l'idée derrière le quartier de la marina.

Comme pour le secteur en bordure du bassin, les immeubles de l'autre côté de la plaza ont aussi des commerces au rez-de-chaussée, commerces qui sont protégés par une sorte de portico supporté par des colonnes aux couleurs vives.

On m'aurait décrit les caractéristiques principales de ce quartier, j'aurais probablement jugé ça assez kitsch, mais en s'y baladant, dans cet environnement précis, bord de mer, montagnes derrières, quartier distinct du centro, le soleil qui plombe sur les édifices multicolores, ça fonctionne et c'est agréable à explorer et admirer.

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lundi 24 février 2025

Archéologie locale d'Albufeira (mini-suite)

Lors de mon précédent séjour à Albufeira, j'avais abordé l'archéologie locale avec le peu qu'on y trouve encore.

Pendant le présent séjour, j'ai quand même découvert quelques détails supplémentaires sur le sujet, même si l'ensemble demeure assez mince vu que quasi toute la ville a été détruite lors du tremblement de terre de 1755.


Cette jolie vue sur la plage et la mer cache des vestiges de la batterie d'Albufeira. Je n'avais jamais remarqué la chose, malgré être passé par là à de nombreuses occasion, mais si on regarde un peu le "trou" dans la falaise de roche, on s'aperçoit que ce n'est pas du tout naturel. Il s'agit bien de ruines, les restes d'un endroit (alors sous-terrain) datant du 16e siècle, où on aurait entreposé la poudre.


Même lieu, vu d'en bas. La falaise au centro historico fait facilement 30 mètres de haut d'après moi. Ici, on peut aussi distinguer en bas à droite, un petit tunnel dans la falaise, qui permet de traverser ce promontoire rocheux et d'aboutir sur l'autre côté de la plage.


Sinon, Albufeira a un petit musée d'Archéologie, avec 4 salles thématiques; une salle néolithique, une salle romaine, une salle islamique, et une salle "moderne" (ruines des 17-18e siècle). Ici, dans la salle romaine (ma favorite, évidemment), on peut distinguer le bas relief d'une chèvre (tête en haut, pattes vers la droite).


Les pièces les plus spectaculaire du petit musée: les planchers de mosaïque de céramique à motifs géométriques. On en retrouve deux grands morceaux, dont celui-ci...


... et celui-là.

La Porta Santa Ana (que j'avais évoqué dans mon billet de l'année dernière); on voit les restes de l'ancienne porte de la ville (à droite, pierres brunes), et aujourd'hui, incorporée à une ancienne "chapelle" devenue un resto-bas, avec des appartements à l'étage. Albufeira est souvent un mélange de plain de choses différentes dans un même édifice, qui a évolué au fil des siècles.

Le haut de la "chapelle" porte encore l'inscription «Al Buhera» et la date 1716, détail que je n'avais pas remarqué non plus lors de mon séjour de l'hiver 2024.

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Retour sur les bains médiévaux de Loulé

Un des problèmes que je rencontre depuis que je pratique le nomadisme numérique, c'est que je voyage sans être libre à temps plein. Ainsi, je dois planifier mes journées différemment de ce dont j'avais l'habitude à l'époque où je visitais tous les jours sans autres considérations.

Ainsi, au métro-boulot-dodo, en plus de l'épicerie, du budget et autres aléas de la vie en voyage, je tente de cadrer du temps d'écriture sur ce journal en ligne, mais je dois parfois sauter quelques idées et sujets faute de temps.

Après ma visite de Loulé, j'avais prévu parler des ruines des bains de l'époque Maure de la cité, mais j'ai eu d'autres plans, d'autres visites se sont produites et j'ai donc sauté ce sujet.

Je profite de quelques jours d'accalmie côté visites pour revenir sur ces sujets dont je veux éviter qu'ils ne tombent dans l'oubli  - je rappelle que j'écris ce journal essentiellement pour moi-même, m'y référant souvent quand je veux fouiller mes archives et souvenirs de voyage (on ne peut pas tout se rappeler).

À Loulé, donc, pendant la domination Maure de la ville, à la même époque où les fortifications et le château ont été érigés, on a aménagé des bains publics.


Après la reconquête chrétienne (au milieu des années 1200), les bains sont restés en usage, mais après quelques siècles, ont été abandonnés. Le roi d'alors a donné le droit à un noble de cette époque de se construire une maison à l'emplacement en question, adossé au murailles de la ville. Aujourd'hui, ce qui reste de cette maison a été restauré et transformé en musée (c'est gratuit en plus), entouré d'une belle cour où on trouve des citronniers.


Les excavations sous la maison ont permis de retrouver les vestiges des bains de l'époque Maure. Même concept que les bains romains, avec les salles froide, tiède et chaude, même concept de sous-sol aéré où pouvait circuler la chaleur, à partir d'une salle de "fournaise".


On peut donc visiter le site, une partie centrale ayant été excavée et mise en valeur, avec des passerelles tout autour. La muséologie est particulièrement intéressante, avec des panneaux tactiles animés devant plusieurs structures, permettant de voir les "reconstructions" virtuelles et les ruines actuelles sur des images animées par des jeux de transparence.


Le toit des bains a été reconstruit comme il devait être à l'époque.


Les bains de Loulé ne sont pas un gros site archéologique, mais pour l'amateur, gratuit en plus, ça vaut certainement le détour.


De retour sur la rue, on peut distinguer l'ancienne porte du vestibule des bains originaux.


Derrière la maison, on repère les vestiges des fortifications où étaient adossés l'édifice des bains, puis la maison de la famille de noble ayant pris possession des lieux plus tard. Aujourd'hui, de l'autre côté, d'autres maisons sont adossées aux murailles.
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samedi 22 février 2025

Dans les jardins du château de Tavira

J'ai évoqué un château lors de mon précédent billet sur Tavira, petite ville de l'est de l'Algarve non loin de la frontière espagnole.

Il y a beaucoup de vestiges de forteresses en Algarve, car tout comme l'Andalousie voisine, la région a été le terrain de luttes entre les Maures et les Chrétiens et plusieurs villes ont donc été fortifiées.

À Tavira, il ne reste rien de l'intérieur du château médiéval, mais il reste encore pas mal de murs, remparts et quelques tours crénelées sur le site même de la forteresse, et on peut apercevoir des bouts de remparts des fortifications encore debout à quelques endroits du centro historico.

L'intérieur et la cour du château ont donc été transformés au fil des siècles et aujourd'hui, l'endroit habite de magnifiques jardins et est donc en quelque sorte un parc public.


Si on peut accéder au château via l'escalier montré dans mon billet précédent, l'entrée officielle est toutefois sise de l'autre côté, sur le mont où se trouve l'église de Santa Maria do Castelo.


À l'intérieur, des jardins et sentiers ont été aménagés; de multiples variétés d'arbres, arbustes et plantes ornementales composent un endroit qui respire le calme.


Et on peut monter sur plusieurs sections de remparts!


Vue d'une tour hexagonale plus petite que les tours carrées crénelées de la forteresse. La tour hexagonale se monte aussi par un escalier étroit.


Suze pose dans la cour - photo captée du haut de la tour hexagonale.


Vue en diptyque - tour du château et église Santiago.


Suzie parmi les fleurs du jardin. Comme c'est l'hiver, il y a moins de couleurs et de fleurs qu'en été, mais considérant la latitude, c'est quand même impressionnant, en février.


Vue sur la tour d'horloge de Santa Maria do Castelo avec les arbres en fleur à l'avant-plan.


Vue sur les toits de Tavira captée du haut des remparts.


Ailleurs en ville, on peut aussi apercevoir des vestiges des fortifications, mais impossible de réellement s'en approcher, les maisons ont été construites dos aux murailles qui en font donc partie.


Autre vue sur une ancienne tour, dans une rue du centro, à quelques minutes du château.

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vendredi 21 février 2025

Tavira, le charme des petites villes et les aléas des transports en Algarve

Nous étions passé par Tavira l'an dernier, lors de notre escapade andalouse à Séville le temps d'une fin de semaine, mais le bus nous menant de Albufeira à Séville n'avait fait qu'entrer dans la vieille ville, le temps d'une pause de quelques minutes au terminus, ramasser 3-4 voyageurs et nous étions déjà reparti.

J'avais quand même remarqué quelques clochers d'église et les créneaux des vestiges d'un château, me promettant d'y revenir.

Moins d'un an plus tard, nous étions donc à Tavira pour une journée de visite.

J'ai déjà parlé (l'an dernier, mais les choses n'ont pas changé du tout depuis), du fait qu'en Algarve, les transports sont parfois un peu compliqué à apprivoiser et il n'est pas toujours pratique de tenter de s'y retrouver ou de planifier sans faire de recherches comment se rendre du point A au point B. Il y a bien un train (les gares sont souvent loin des villes, à Albufeira, c'est à une heure à pied, à Loulé, c'est 1,5h...) et des autobus, mais avec des horaires éparpillés et pas nécessairement pratique pour le voyageur qui veut faire un aller-retour dans la même journée.

Nous avons donc emprunté le système de Rede-Espresso  (il y a plusieurs compagnies de bus, toutes indépendantes les unes des autres), une compagnie qui offre des trajets plus directs. Albufeira-Tavira par le bus régional prend quasi 3h, alors que par le train, c'est 1h45 et le bus express offrait des trajets en 1,5h, ce qui rend l'idée d'une excursion d'un jour plus alléchante que de se taper 6h de trajet aller-retour dans la journée, sans compter les horaires qui vous laissent à peine 2-3h pour visiter à destination. La différence de prix est quasi dérisoire (l'express a des tarifs aller à 8 euros).

Bref, nous avons réussi à aller visiter Tavira avec un bon plan (c'est ce que nous pensions).


Arrivés à Tavira, la première chose que l'on remarque en sortant du terminus (littéralement à 2 pas de la prise de cette photo), c'est la rivière qui traverse la ville et le vieux pont dont les arches et piliers datent de l'époque romaine. À "Ponte romano", Tavira m'avait déjà convaincu qu'elle valait le détour. Notez la marée (basse) sur cette photo; nous sommes sur la rivière, mais non loin de la mer, quand même.


De l'autre côté du pont romain, on aperçoit une belle vue du centro historico, dominé par une église avec une tour d'horloge.


Igreja Santa maria do Castelo (Sainte-Marie du Château!) sur le petit mont qui se trouve au centre de la vieille ville. Charmante église (vue de l'extérieur, puisqu'elle était fermée, comme la majorité des églises au Portugal, là-dessus, on s'ennuie de l'Italie, où on pouvait entrer partout).


La suite a comporté une longue balade dans les belles petites rues pavées de pierre du centro historico - centro qui s'étend sur les deux rives du Rio Gilao.


Tavira doit être la petite ville algarvienne où j'ai le plus vu de ces maisons typiquement portugaises recouvertes de céramiques. À Albufeira, on en voit, mais elles sont éparses et rares. Faro et Lagos en comportent, comme Loulé, mais jamais autant qu'à Tavira, où il y en a partout.


Sinon, les autres maisons sont aussi charmantes; petites constructions aux toits en tuile, blanches et aux cadres peints de couleurs chaleureuses.


La ville a aménagé plusieurs elles plazas un peu partout - on en a arpenté une bonne dizaine - dont celle-ci, à quelques pas du Ponte Romano, dominée par le clocher de l'église de l'ancien couvent Nossa Senhora da Ajuda.


J'ai lu que Tavira avait 40 églises. Je ne les ai pas toutes vues - j'imagine que certaines se trouves plus excentrées et je n'y étais qu'une journée - mais celle-ci, l'Igreja de Santiago, se trouve juste à côté de Santa Maria do Castelo, et les deux partagent un parc et un parvis, tellement elles sont rapprochées l'une de l'autre.


Autre église, de l'autre côté du Rio Gilao, en plan rapproché cette fois-ci, porte, fenêtre et banc. Ermida de Sao Bras.


De retour sur le pont romain (même si le pavé sur le dessus du pont est beaucoup plus récent, évidemment).


Comme dans toutes les villes de l'Algarve, il y a des cabanes et des refuges et des gamelles d'eau et de nourriture pour les chats; on en voit donc un peu partout en ville; comme ces deux petits blonds profitant du soleil devant l'ancien couvent de Tavira (maintenant une auberge).


Le petit livre-guide que j'ai date de l'an dernier, et on n'y trouve aucune mention de ces fouilles archéologiques en plein centre-ville, près de Santa Maria do Castelo. Rien non plus en ligne, ni sur le site. Il était barré par des grillages, j'ai réussi à glisser l'objectif de mon appareil entre les barreaux pour apercevoir plusieurs éléments de ce qui date probablement de l'après reconquête. J'imagine que je devrai revenir à Tavira quand ce site aura été mis en valeur et ouvert au public!
(La proximité de l'ancien château Maure rend évident l'importance du site en question).


Justement, le nom d'une «rue»; l'escalier du château... Billet à venir sur ce château en ruines et ce que Tavira en a fait de beau.


Quand est venu le temps de rentrer, nous avons repassé le long de la rivière vers le terminus (remarquez la marée beaucoup plus haute que sur ma première photos du pont... Une fois au terminus, surprise (désagréable); la machine qui vend les billets du bus express a un bug (erreur 404, genre), et refuse de fonctionner. Un chauffeur de la compagnie (sur un autre trajet) a abdiqué après deux ou trois tape sur l'écran tactile; il nous a offert de nous prendre (il filait à Lisbonne) et de faire un mini-détour par Albufeira, mais pour 46 euros au lieu de 16... 

Après avoir tenté sans succès d'acquérir des billets en ligne - et en l'absence de tout humain dans le terminus à part quelques autres voyageurs, le temps passait et le bus allait arriver sans qu'on ait de billets pour y monter. Au nombre restreint de bus qui font ce trajet, on comprenait que le retour allait être plus compliqué que prévu - et que l'aller - un sentiment qui se répète assez souvent dans la région; faut pas être pressé.

Mais il y a toujours des alternatives, et après avoir piqué une jasette intéressante avec un couple de parisien un peu déçu de l'Algarve (où ils avaient abouti après un séjour de 12 jours à Séville, faut dire, quand même), nous avons décidé de prendre une chance du côté de la gare...


Gare de Tavira, où après une petite demi-heure d'attente, nous avons bordé un train pour Faro. 7 euros pour deux passages.

Une fois à Faro, nous aurions l'option de reprendre un bus express vers Albufeira ou d'attendre le prochain train pour la gare de Ferraras, à 1h à pied d'Albufeira.
Heureusement, nous sommes arrivés à Faro à temps pour acheter des billets pour le bus express (d'une humaine au guichet, yé!)... billets qui étaient étrangement 8 euros comme nos allers à Tavira d'Albufeira, même si nous étions maintenant à mi-chemin... mais on a vite compris qu'il y a express et express.
Notre bus passait par l'autoroute et n'effectuait aucun arrêt entre Faro et Albufeira, ce qui nous a quand même sauvé une partie du temps perdu par le détour vers la gare et l'attente du train et du bus.
En Europe, comme en Amérique latine, il y a toujours moyen de se rendre à destination. Parfois, il suffit d'être patient, mais au moins, les transports collectifs existent.

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